La soule d'après les recherches aux archives

Origine

L'un des plus anciens documents concernant la soule est une ordonnance de Charles V datant du 3 Avril 1365 précisant "qu'elle ne peut figurer parmi les jeux qui servent l'exercice du corps".

En 1440, une autre interdiction faite par l'évêque de Tréguier précise que ce jeu se pratique depuis fort longtemps déjà. Il menace les joueurs d'excommunication, châtiment très sévère, et de 100 sols d'amende, ce qui prouve bien que la soule était très appréciée à cette époque : il fallait inspirer la peur pour faire cesser le jeu.

Cela n'interrompit pas l'acharnement des souleurs.

Au 19ème, la plupart des soules se déroulèrent dans le Morbihan malgré les interdictions.

Seule la guerre mit fin à ce jeu car les jeunes étaient tous mobilisés.

Pratiques

Les jeux traditionnels, sous l'ancien régime, attiraient beaucoup de monde. A Auray, une soule opposa 16 paroisses. En 1889, une partie opposa des jeunes de Mellionec, de Plouay, et de Locuon : il y eut dit-on plus de cinq cents participants.

Dans certaines occasions ce sont les hommes mariés qui affrontent les célibataires. Pour les encourager, tous les habitants se déplaçaient. Sur un dessin d'Olivier Perrin, on peut remarquer que toute le population est là. Une grande foule entoure un notable qui donne le coup d'envoi d'une partie. Les femmes sont très nombreuses ; viennent-elles pour encourager les joueurs ou pour soigner les éclopés?

Avant les interdictions, sous l'ancien régime, le clergé et la noblesse s'impliquaient aussi dans ces sports. Les membres du clergé eux-même pouvaient participer ou tout du moins lancer la soûle au départ. A Vieuxviel, la soule était lancée à la porte du château puis devait être soulée jusqu'au cimetière par les prêtres et les officiers de la paroisse. Enfin la soule pouvait être logée au presbytère ou dans une chapelle et à Vitré, elle était exposée dans l'église le jour de la Saint-Etienne.

Cependant malgré l'importance du jeu, nobles et membres du clergé abandonneront toute participation aux parties au cours du 18ème siècle.

Lieux de pratique

Ce qui frappe quand on étudie les jeux traditionnels c'est qu'il semble ne pas y avoir de lieux définis.

La soule se pratiquait à travers les prairies, les bois, les landes et même les bourgs ou les étangs. Le but était de ramener le ballon dans un endroit indiqué, le foyer d'une maison par exemple ou tout autre lieu choisi par les joueurs. Dans certains cas, il fallait même tremper la soule dans une fontaine avant de la loger dans la cendre. Le jeu n'était donc qu'une immense galopade entrecoupée de mêlées plus ou moins acharnées. L'instrument de jeu pouvait être une balle de cuir, une vessie de porc remplie de foin, une pelote de toile, une boule de bois ou même un billot de bois.

Les lieux fixes n'étaient pas nécessaires car c'étaient des sports de pleine nature. Les paroisses n'étaient pas assez aisées pour construire un local ou un terrain. Les règles étaient très fluctuantes. Enfin, les autorités étaient contre la pratique de ces sports. Toutefois on peut dégager des points communs :

Le départ avait lieu d'un endroit fixe (le placitre, le cimetière, une fenêtre, le château, une prairie).

Les règles pouvaient être précises.

Les dates étaient fixées souvent tôt dans l'année avant les cultures car les souleurs ne respectaient pas grand-chose.